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Les Encagés - CR 26

Forums > Gnomes & liches > Comptes-rendus de parties

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Bonjour à tous,

Comme annoncé, je mets les CR de notre campagne les Encagés. Ca va spoiler à fond, donc si vous comptez jouer cette campagne, passez votre chemin.

Nombre de joueurs: 3 (dont 2 vieux routards, et un qui n'est qu'exclusivement MJ). L'objectif est de finir la campagne d'ici mars 2022. On joue une fois l'après-midi toutes les 6 semaines. Et entre deux aprés-midi, une partie en soirée un peu plus courte. On utilise un Discord pour passer quelques informations, et on se réserve le droit de faire peut-être quelques parties online. Même si le présentiel à notre préférence.

Session 0: présentation du système de jeu. Il est simple, très léger. Ce qui permet de privilégier l'histoire. J'émet potentiellement quelques réserves quant à la gestion de l'action pure - mais vu que ce n'est pas vraiment la proposition phare de la campagne, ça devrait passer. Il faut juste arriver à "agresser" les joueurs constamment sur le rythme pour pas justement qu'ils aient cette impression que rien ne peut arrivr à leurs persos.

Présentation du contexte, que ce soit l'ère du temps (moment rigolo et/ou intéressant quand on reparle de certains évenements de l'époque qu'on a tous vécus du coup) ou la structure de la gendarmerie.

Attribution des persos - on utilise les pré-tirés, et je leur ai conseillé de ne pas y toucher pour le sexe etc. L'idée est que nous n'avons que 6 mois pour boucler la campagne, et qu'ils sont bien écrits et faciles à prendre en main comme ils parlent à tout le monde. Les joueurs les incarneront à leur manière, et ça fera du coup des personnages différents de ceux de la table d'à côté, mais y a pas besoin de changer le pré-tiré plus que ça. Ca donne aussi un petit côté plus théatre qui a une influence sur le RP et qui sort un peu les joueurs de leur zone de confort (ils auraient peut-être joué autre chose en personnalité etc.). Donc ça participe de manière sympathique à l'ambiance de la tablée en changeant un peu la manière de jouer de chacun. Je ne suis pas sûr que ça marcherait sur une campagne de 2 ou 3 ans, mais parfait ici. Pour moi, je leur ai dit qu'il me fallait obligatoirement Tellier. J'ai fait une brève description des autres personnages, et Messali n'était dispo que si Brochard était également pris (pour éviter d'avoir un PNJ qui soit pénible avec le PJ dans le cadre de l'enquête - l'idée étant qu'ils soient acteurs de leur équipe et que je n'ai pas d'influence sur leur tambouille interne). Du coup on a Tellier, Josse et Brochard.

Durée totale de l'exercice: 1H30, et réalisée en vidéo via Discord.

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Session 1: durée 5-6 heures, en présentiel.

(CR Tellier)

C’est la voix douce mais un peu agacée de Marie qui me tire brusquement du sommeil. « Alain, ton portable sonne ». Un peu brumeux, j’attrape le téléphone et jette un œil sur le réveil. 5h30. Cela ne présage rien de bon.

« Tellier ? C’est Da Silva, brigade de Libourne. Désolé de vous tirer du lit mais on a besoin de vous ici. On a un incendie, et des victimes. Venez le plus vite possible, 112 avenue de la liberté à Villegouge. On vous expliquera tout sur place »

Toujours à moitié dans les vapes, j’acquiesce en grommelant et m’extirpe des draps.

« On ne compte plus sur toi aujourd’hui, c’est ça ? » Le ton de reproche est à peine voilé. J’avais promis de leur consacrer ce long week-end, à elle et aux enfants. Aujourd’hui, nous devions aller prospecter le cadeau d’anniversaire d’André – il vient de se mettre aux échecs assez sérieusement, j’avais pensé trouver un de ces jeux électroniques où l’on peut se mesurer à un ordinateur…

Une autre fois… « Je dois y aller chérie, ça a l’air sérieux. Je te tiens au courant dès que j’en sais plus. Vous pouvez aller faire les magasins sans moi… » Ils ont pris l’habitude, toutes ces années.

J’appelle immédiatement Brochard pour lui demander de prévenir l’ensemble de la brigade, et rameuter tout le monde à l’adresse indiquée par Da Silva, RDV à 6h30 pétantes. Avec Brochard, ça va filer droit, il n’y met pas trop les formes mais il a rarement besoin de se répéter.

Sans prendre le temps d’une douche, je saute dans mon uniforme, procède à un rasage express, fais un passage éclair dans la cuisine le temps de couler un café, puis je me mets en route.

6h du matin, le jour commence tout doucement à poindre sur la campagne morne, rendue encore plus lugubre par la pluie battante qui tombe sans discontinuer depuis hier. Sur le trajet, j’appelle successivement Foulon puis de Gaillefert. Foulon décroche dans la seconde et promet de rameuter ses troupes sur place au plus tôt. De Gaillefert quant à lui ne répond pas – ce qui n’est guère surprenant, il n’est pas assujetti à la même disponibilité que nous. Je lui laisse un message avec le strict nécessaire d’informations, lui demandant de nous rejoindre au plus vite sur les lieux.

J’arrive rapidement aux abords de Villegouges, pas particulièrement la destination de vacances idéale pour les amoureux de la fête. Une petite place, une boulangerie, quelques maisons ternes, le tout disposé en étoile de part et d’autre de la départementale. Le bled rural typique du coin. De tous les coins d’ailleurs.

Le numéro 112 est un peu excentré, à environ 200m du village, en plein cœur des vignobles. Une grosse maison cossue étagée sur 3 niveaux avec un portail ouvragé ouvrant sur une longue allée de graviers débouchant sur de majestueux escaliers de pierre. Le jardin, vaste, est bordé d’un petit muret. A quelques encablures de la maison se dresse une dépendance, probablement une ancienne grange visiblement retapée, reconvertie en quelque annexe de la maison principale, studio ou garage.

Dans la cour sont garés deux camions de pompier et une ambulance. Plusieurs gendarmes circulent au milieu de la confusion.

6h30 précises, je coupe le contact et descend de voiture. Da Silva m’aperçoit et vient à ma rencontre d’un pas pressé. D’un débit saccadé, il m’explique que les pompiers, intervenant depuis le milieu de la nuit, ont extirpé deux cadavres presque intacts du premier étage, et les ont prévenus immédiatement.

Deux cadavres avec des balles dans la tête… So long pour l’incendie accidentel…

Il n’a par ailleurs pas beaucoup d’informations sur l’incendie, je verrai cela avec le capitaine des pompiers. Quant aux propriétaires de la maison, tout ce qu’il en sait, c’est qu’il s’agit d’un couple répondant au nom de Delmain.

Je me rends bien compte, à son excitation mêlée de réticence, que ma présence ne l’emballe pas. Cette affaire sent le gros dossier, pas le genre d’affaires qui arrivent souvent dans le coin, entre règlements de compte de mauvais voisinage et rubrique des chiens écrasés. Mais il fera le job, c’est un homme sûr, un gars loyal.

Il m’explique qu’ils n’ont pas encore pu interroger les voisins et témoins potentiels, promeneurs matinaux restés errer devant les grilles pour contempler le spectacle insolite. Il va falloir s’en occuper rapidement, avant que tous ne s’égaillent dans la nature…

Fort heureusement, Brochard arrive dans la foulée, la mine bourrue, l’allure compacte, suivi de peu par le reste de l’équipe.

Toujours efficace et affuté, il propose immédiatement de sécuriser le périmètre et envoie Huard et Messali faire le tour du propriétaire, à la recherche de tout détail anormal.

J’en profite pour demander à Josse (dont la mine éloquente laisse deviner une nuit aussi courte que mouvementée) de relever les témoignages des 5 personnes toujours stationnées devant le portail. Ils ont probablement été attirés par les flammes et n’auront rien vu de particulier mais… on ne sait jamais. Ne rien laisser au hasard.

Nous affectons deux gendarmes de l’équipe de Da Silva pour monter la garde au portail et filtrer toutes les entrées. Da Silva lui-même propose enfin de se rendre au village avec quelques hommes pour interroger les habitants.

Après cette rapide distribution des rôles, nous nous rendons Brochard et moi auprès du capitaine des pompiers, le Capitaine Hullieu. Celui-ci nous apprend qu’ils ont été alertés par un voisin, un certain Ledoux, à 3h22. Ils sont arrivés sur place à 3h38. Le feu devait selon lui avoir pris depuis environ 1h.

Nous demandons à en savoir plus sur les cadavres : ceux-ci ont été découverts dans la chambre à coucher, menottés les bras dans le dos avec chacun une balle dans la tête. Intacts, n’ayant pas encore été touchés par les flammes. Une « aubaine » pour l’enquête, à tout prendre.

Il nous dit qu’il leur faudra au bas mot 2 voire 3 heures pour parvenir à maîtriser l’incendie. Après ça, il leur faudra encore sécuriser le périmètre. Ce n’est donc pas avant milieu d’après-midi, au mieux, que les TIC de Foulon pourront commencer leurs investigations – et nous les nôtres, par la même occasion.

En attendant de pouvoir accéder à la scène du crime, il va falloir mettre le temps utilement à profit.

Alors que nous concluons l’entretien et laissons Hullieu repartir au feu, nous voyons à distance Huard et Messali boucler leur tour du périmètre en se dirigeant vers la dépendance, vers laquelle nous nous cheminons pour les rejoindre, Josse nous emboitant le pas. « Alors Josse, du grain à moudre du côté des témoins ? » « Rien à signaler capitaine : personne n’a rien vu, rien entendu d’inhabituel, ce ne sont que des promeneurs qui passaient dans le coin par hasard. J’ai aussi parlé à Ledoux, le voisin insomniaque qui a prévenu les pompiers… lui non plus n’a rien vu. Bref, chou blanc de ce côté-là » …

Tandis que nous parvenons à la dépendance, nous voyons la camionnette de l’adjudant-chef Foulon et son équipe de techniciens déboucher dans l’allée.

La dépendance se trouve être bel et bien un garage, et pas des plus modestes : trois voitures y dorment dans la pénombre, une Mercédès classe C, une Audi blanche A4 et une Ford Fiesta immatriculée en Grande-Bretagne.

Nous passons immédiatement les plaques françaises au fichier : la Mercédès est enregistrée au nom de Monsieur Paul et Madame Simone Delmain, nos infortunés propriétaires ; l’Audi quant à elle renvoie le nom d’un certain Jacques Bazas, domicilié à Fronsac. Il va nous falloir un peu plus de temps pour récupérer les informations de la Fiesta. Heureusement, j’ai quelques contacts qui vont permettre d’accélérer un peu tout ça ; un petit coup de fil, et c’est réglé. Nous devrions en savoir plus d’ici une grosse journée. Soigner ses relations, c’est important…

Une rapide interrogation des bases JUDEX nous permet d’en apprendre un peu plus sur le dénommé Bazas : marié, ancien exploitant viticole, en retraite depuis 2012, domicilié sur Fronsac. Quelques ennuis avec le FISC, mais rien de particulièrement saillant a priori.

Messali et Huard rapportent pour leur part avoir repéré, dans leur tour du périmètre, des traces d’escalade sur le muret arrière. Peu exploitables a priori, surtout vu les conditions météo ; nous prévenons néanmoins Foulon pour qu’il dépêche ses techniciens voir s’il reste des empreintes à relever, même partielles. Ne rien laisser au hasard.

De Gaillefert arrive enfin, accompagné de son assistante, la jolie Camille. Je le conduis vers les deux corps étendus sur les brancards. Il les étudie d’un œil expert, les sourcils froncés. « Qu’avez-vous pour moi, de Gaillefert ? » « Pas grand-chose à ce stade capitaine, j’en ai bien peur. Il va nous falloir les amener à l’institut pour réaliser une autopsie approfondie. Il y a juste deux informations qui sautent aux yeux à ce stade : d’abord, les menottes. Du matériel de professionnel, pas des gadgets. Il y a peut-être quelque chose à chercher de ce côté-là, si j’étais vous… Ensuite, vous remarquerez qu’ils sont habillés normalement. Ces deux personnes n’étaient ni couchées, ni sur le point de se coucher lorsqu’ils ont été agressés. »

Foulon propose de faire partir les menottes chez Vidal, pour voir s’il y a une piste quelconque à remonter. J’accepte volontiers.

Ne rien laisser au hasard.

Mon téléphone sonne à ce moment-là. « Capitaine Tellier ? C’est Bastien Kuntz à l’appareil ».

Kuntz, le monsieur loyal de la SIRPA. Ce n’est jamais bon signe, quand il appelle.

En l’occurrence, il m’informe qu’une dépêche AFP vient de paraitre au sujet de la « tuerie de Villegouge », mentionnant les 2 victimes. Décidément, ils n’auront pas perdu de temps… « Vous allez avoir besoin de moi capitaine. Je me mets en route, je vous rejoins au plus tôt ». Et m**de… Déjà. Je ne sais pas comment tout a pu fuiter si rapidement. Mais ça n’a pas grande importance, un peu plus tôt, un peu plus tard…

Hullieu s’approche de moi en secouant les bras d’un air triomphant. Ils sont parvenus à maîtriser l’incendie. 9h. Il leur faut maintenant sécuriser toute la maison avant que nous ne puissions y accéder. La structure a été sérieusement fragilisée. Peu probable que l’on trouve quelque empreinte exploitable une fois dedans.

Les TIC se trouvant désœuvrés, je demande à Foulon de les envoyer investiguer les voitures. On ne sait jamais.

10 minutes plus tard, je vois à nouveau Hullieu venir vers moi, courant presque pour le coup. « Capitaine, nous avons trouvé trois nouveaux cadavres… Au rez-de-chaussée. Également menottés. Complètement calcinés… » Je lis l’anxiété dans ses yeux, et pourtant, je me dis qu’il en a vu bien d’autres.

Me voilà donc avec 5 macchabées sur les bras.

…Et Kuntz qui débarque. Il n’a pas perdu de temps.

Il me prévient qu’il va falloir, évidemment, préparer une déclaration à la presse, au plus tard pour la fin de la matinée. Dans ces phases liminaires d’une enquête, la maîtrise de l’information est critique. Une déclaration maladroite ou anticipée peut compromettre toute l’enquête. Sans parler de la mauvaise publicité pour la GN. Je n’aime pas ces exercices d’équilibriste. Mais bon, pas le choix.

Une berline s’engage au bout de l’allée. Décidément, impossible de se concentrer 10 secondes, c’est un vrai défilé.

Daniel Hoarau, le juge d’instruction, cette grosse outre pleine de vent. J’ai beaucoup de mal avec lui, depuis toujours. Un politique avide de publicité, sans substance.

Il semble déçu que je n’aie rien à lui apprendre de tangible à ce stade et me convoque à son bureau dès le lendemain, avec, espère-t-il, de « premiers éléments concrets sur l’enquête ». Comme si j’avais une baguette magique. Comme s’il suffisait de claquer des doigts pour faire apparaître les solutions. Je ronge mon frein. Pas d’autre solution que collaborer, de toutes façons.

Huard, que nous avions dépêchée au bureau pour creuser un peu les dossiers sur Delmain et Bazas, vient au rapport. Elle n’a rien trouvé de substantiel. Les informations de base, mais il faut bien partir de quelque chose.

Delmain, ancien directeur d’agence bancaire retraité depuis 2001, n’a jamais eu aucun ennui avec la justice. Lui et sa femme vivent là depuis 1998. Le couple a deux enfants, Jean-Michel, qui habite Paris, et Marion, domiciliée à Carcassonne.

C’est à Josse que je demande de les contacter, pour les convoquer au plus tôt. Elle sait bien faire ses choses-là. Pas de fioritures avec Josse, pas d’états d’âme. Evidemment on n’est pas sûrs qu’il s’agisse d’eux tant que les corps du 1er étage n’ont pas été identifiés formellement, mais enfin les photos laissent peu de place au doute.

Les Bazas, quant à eux, avaient des vignes, un beau terrain, 20ha, du côté de Pessac. Ils ont revendu à une société étrangère et se sont mis en retraite directement après. Ils ont une fille, Lucie, interne au CHU de Bordeaux.

La situation est plus floue sur les Bazas. Rien ne prouve avec certitude qu’ils se trouvaient sur les lieux du drame. L’état des corps trouvés au RDC ne permet aucune conjecture.

Brochard suggère d’envoyer Messali toquer à leur porte, ils résident à quelques kilomètres à peine. Bonne idée. Il a besoin de bouger, le petit Messali. Un lion en cage si on ne l’occupe pas.

Ça s’agite vers l’entrée. Des rumeurs de voix s’élèvent. Apparemment, deux journalistes essaient de forcer le passage. D’un pas las, je remonte l’allée vers le petit groupe. Une jeune femme blonde à l’air nerveux tend vers moi un longue main manucurée « Amandine Léger, Sud-Ouest, faits divers ». Elle me glisse sa carte et me demande si j’ai une déclaration à faire. Je botte en touche avec les éléments de langage habituels, une enquête est en cours, nous ne pouvons rien confirmer… Pour temporiser, je m’engage à la tenir informée dès que nous aurons de plus amples informations à communiquer.

Gagner du temps, trouver le bon équilibre.

Je donne mon accord à de Gaillefert pour envoyer les 2 premiers corps à l’autopsie, il n’y a plus rien à en tirer d’ici. Nous devrions avoir des résultats d’ici 4 jours au mieux, toute cette procédure prend du temps. Du temps dont on manque toujours, dans de telles circonstances.

Avant de partir, de Gaillefert ajoute que d’après ses premières constatations, on a tiré sur la femme au travers d’un oreiller. L’homme a quant à lui été abattu à bout portant, sans les mêmes précautions.

Messali est déjà de retour. Il n’a rien vu de particulier, si ce n’est un carreau cassé à l’arrière de la maison. Peut-être sans rapport avec notre affaire, mais enfin ; ne rien laisser au hasard, jamais.

Nous tentons de les appeler, sans succès. Cela ne sonne même pas. La maison étant toujours inaccessible et l’intégralité du périmètre ayant déjà été ratissé une première fois, je me dis que ça vaut le coup de retourner chez les Bazas, vérifier cette histoire de carreau cassé. Ce n’est sans doute pas la pire manière d’utiliser notre temps. J’embarque Brochard et Josse, demande à Huard de lancer une recherche sur les comptes bancaires de Bazas. Cette histoire avec le FISC est sans doute une impasse, mais bon. A ce stade, je fais feu de tout bois – sans mauvais jeu de mot.

Huard et Messali restent attendre le retour de Da Silva et les premiers résultats des forensiques. Ils sont sensés nous appeler s’il y a du neuf.

Au bout de quelques minutes de route, nous réalisons que nous sommes suivis. Brochard arrête la voiture devant un PMU. La voiture qui nous talonnait passe et s’arrête une vingtaine de mètres plus loin. Une silhouette féminine s’en dégage brusquement. Amandine Léger…

Brochard suggère que je descende l’occuper pour faire diversion. Cela m’ennuie de ne pas pouvoir les accompagner chez les Bazas, mais enfin, les RP, c’est aussi mon boulot. Au moins cela leur permettra de prospecter tranquillement.

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(CR Brochard)

Cette affaire pue depuis ce matin, le coup de fil de Tellier. Ce week-end devait être mon week-end, magique, intense … vivant. Au lieu de ça, on est obligé de crapahuter dans la boue et sous la pluie. Ce qui ne connaisse pas la région imagine sans doute que nous vivons toute l’année au soleil … Mais si c’est si vert dans la région c’est bien qu’il pleut de temps. Et cette année nous sommes servis. Il en tombe depuis quelques temps, bien plus que d’habitude.

Le désavantage c’est que les traces de pas ne restent pas longtemps visibles sous la pluie. Alors depuis que nous savons que la maison des Bazas a été visité, nous devons aller vite. Malheureusement les fouilles m… euh, les journalistes ne nous laissent pas tranquilles. Il faut bien en inventer des stratagèmes pour les semer. Je suis bien content d’avoir monter celui pour écarter Amandine Léger. Dommage que nous ayons dû abandonner le capitaine Tellier. Il est balèze ce Pit. Je l’aime bien moi. Pas comme Messali … Mais bon, on a besoin de former des jeunes de temps en temps.

On arrive avec la lieutenante Josse … Lieutenante … Décidemment, l’institution ne sait plus quoi inventer pour « évoluer ». Bref, on arrive et on se gare assez loin. On décide de faire le tour de la maison, assez cossue d’ailleurs la baraque. Ça devait aller pour eux. Quand je pense que je bosse depuis que j’ai 18 ans et que … bon je m’égare.

Rapidement on remarque des traces de boue sur le petit muret. Il est très facile à franchir et nous le faisons sans difficulté. La haie est écartée. L’auteur des faits est bien passé par là. Il y a peu de doute. Nous arrivons à la porte fenêtre brisée qui donne sur une terrasse qui doit bien être agréable aux beaux jours.

  • Alors t’en penses quoi Josse ?
  • Nous ne pouvons pas pénétrer dans la propriété si personne ne nous laisse entrer, je vais appeler. IL Y A QUELQU’UN ? GENDARMERIE NATIONALE
  • Vu que la voiture se trouve chez les Delmain, à mon avis ils ne sont pas là, disje avec un demi sourire.
  • Nous ne pouvons entrer que si nous avons des témoins, rétorque Josse, allons chercher des voisins et ne perdons pas de temps.

Elle a raison, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre. Le calme de cette maison cache sans doute quelque chose. La coïncidence est trop énorme. Et puis, de là où nous sommes nous voyons la télé. Un beau modèle. Ce n’est sans doute pas un camé du coin qui vient cambrioler pour se payer sa dose, il aurait volé quelque chose.

Nous cognons à la porte des voisins d’en face. Après leur avoir expliqué que nous avons constaté l’effraction, nous avons besoin de leur concours pour rentrer dans la maison. Ils acceptent bien sur et nous accompagnent tout deux jusqu’à la porte fenêtre. Il est sympa ce petit couple. Je discute avec eux pendant que Josse s’occupe des constations. A première vue rien n’a été déplacé, ni volé dans le salon. Il est parfaitement en ordre, comme sans doute la vie de ce couple rangé … Ah oui, j’ai failli oublier, il y a cet énorme taggue rouge sur le mur blanc … CC. Qu’est-ce cela signifie ? En tout cas ce n’est pas vraiment discret. C’est clairement une signature.

Josse continue d’investiguer, d’ouvrir les portes. Elle fait très attention, sa main est continuellement sur la crosse de son revolver. Pas le Manhurin MR 73 de mes débuts mais un Sig Sauer … Même nos armes n’ont plus d’âme. Elles ne sont plus françaises …

L’investigation se termine sur un bureau assez petit mais sans conteste la pièce la plus intéressante de la maison. Une armoire a été forcé, pas n’importe laquelle, une armoire dans laquelle devait se trouver des armes à feu… Mais il n’y a pas que ça, il manque aussi l’unité centrale d’un ordinateur. Comme nous le pensions, ce cambriolage n’est pas l’œuvre d’un type de passage. Il savait parfaitement ce qu’il venait chercher. Il va falloir chercher rapidement quel type d’arme possède les Bazas … Une petite vérification au fichier et nous saurons. Quand je pense à tout le boulot que je vais avoir alors que je pourrais être avec … Bref, je dois me reprendre. Je ne suis pas comme Josse qui oublie son boulot en allant dans je ne sais quel lieu de perdition. Si elle croit qu’elle a réussi à me duper ce matin. Je ne suis pas un lapin de six semaines. Elle sentait l’alcool et elle avait l’air mal à l’aise lorsque je lui ai dit que je passais chez elle. Elle ne devait pas y être. Mais bon, après tout, elle a le droit d’avoir une vie privée.

Cette visite a été fructueuse. Plus tard dans la journée ; nous obtiendrons la commission rogatoire pour aller fouiller plus minutieusement la maison et surtout que les TIC puissent intervenir. Les Bazas ont deux fusils de chasse mais en aucun cas ce sont les armes utilisées dans le meurtre des Delmain. Le mystère était déjà très épais mais là …

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(CR Josse)

En repartant de la propriété des BAZAS pour retourner chez les DELMAIN, je commence à me dire que j’ai hâte d’aller me coucher, c’était vraiment pas le jour pour sortir jusqu’à pas d’heure ! En plus j’ai bien vu que BROCHARD avait pas gobé mon pipeau… heureusement qu’il préfère largement s’occuper de MESSALI plutôt que de moi…

Lorsqu’on arrive, le capitaine TELLIER est en train de terminer un appel avec le colonel MATA, pour lui faire un rapport de situation. Il discute ensuite avec BROCHARD à propos de passer un deal avec Amandine LEGER, la fouille merde de Sud Ouest avant la conférence de presse. C’est enfin « l’heure de gloire » pour notre chef de groupe, on va voir si les powerpoint du SIRPA vont servir à quelque chose ! Quand je dis heure de gloire, je suis pas sûr que TELLIER le prenne comme tel, vu la gueule qu’il tire juste avant de s’adresser aux journalistes. J’aimerais pas trop être à sa place ! Enfin si, parce que je compte bien être chef de groupe, et avant atteindre l’âge de BROCHARD, faut pas déconner, j’ai pas quitté Paris pour enfiler des perles.

La conférence de presse se termine et je passe à une opération délicate : appeler les enfants BAZAS et DELMAIN. On a besoin d’en savoir plus, on suspecte très fortement le pire (pour les DELMAIN on est sûr car les corps ressemblent carrément aux photos mais bon c’est pas officiel) mais je peux pas m’avancer au téléphone, je dois respecter la procédure et tant pis s’il faut piétiner un peu leur sentiment. Je suis quand même pas du tout à l’aise mais bon ça fait partie du job. J’apprends par Lucie BAZAS que les parents des 2 familles sont très amis depuis son enfance et je la convoque demain matin à la caserne pour une audition sur la base d’une disparition inquiétante de ses parents (je passe sous silence la mort des DELMAIN). J’appelle ensuite les enfants DELMAIN, que je convoque également demain matin, pour une audition suite aux décès de leurs parents « dans un incendie ». Je ne me sens pas bien car j’ai été très maladroite lors de l’annonce du décès, ils ont vraiment dû me prendre pour une personne avec un manque total d’empathie et ça me pèse. On est vraiment jamais vraiment préparé à faire ce genre d’annonce…

J’ai pas trop le temps de m’apitoyer sur mon sort car les pompiers nous annoncent qu’on va enfin pouvoir rentrer dans la demeure DELMAIN, il faut par contre éviter le 2ème étage « à nos risques et périls ». Toute l’équipe pénètre donc dans la maison (enfin !). Sur le perron, on remarque le même tag « CC » noir que celui de la maison des BAZAS (un lien de plus entre les 2 affaires). A l’intérieur tout est carbonisé, et c’est la salon qui est le plus intéressant : 3 cadavres menottés, 1 femme et 2 hommes, assis chacun sur une chaise, avec le haut du corps brûlé au 3ème degré. Il y a des traces de blessures à l’arme blanche sur le thorax. C’est vraiment une grosse affaire, du genre qui fait une carrière, j’ai vraiment du bol d’être dessus, il va falloir m’arracher, le grade de capitaine est au bout ! Bon je me calme, en me disant qu’il y a quand même 5 macchabés, qui ne doivent pas être aussi enthousiastes que moi pour mon plan de carrière ! On monte à l’étage et le capitaine se blesse en passant à travers le plancher au 2eme étage, le con ! Ça donne pas grand-chose de plus, à part qu’on constate une unité centrale disparue dans le bureau, encore une fois comme chez les BAZAS. On ressort avant que quelqu’un d’autre ne se blesse.

On décide de retourner chez les BAZAS avant la fin de journée car c’est clair qu’il y a beaucoup de liens entre les BAZAS et les DELMAIN. On trouve plusieurs choses intéressantes : une fibre textile noire accrochée près d'un câble informatique et surtout un coffre-fort dissimulé ! Il manque aussi un agenda ou un carnet d’adresse dans le bureau. On programme une intervention des TIC de FOULON dès demain pour examiner la fibre et ouvrir le coffre, j’ai l’intuition qu’on va trouver des choses intéressantes.

Je me prépare à rentrer enfin chez moi me coucher mais on a pas eu le temps de faire les demandes d’autopsies pour les 3 autres cadavres et du coup BROCHARD me demande venir l’aider, je l’enverrais bien chier mais bon... je dormirais plus tard. On rentre à la caserne et on lance la procédure. Je prends un taxi pour rentrer chez moi et je vois un sms de « mon prince » : putain il tombe vraiment à pic, j’efface le texto et je m’écroule dans mon lit. Demain va être une autre journée merdique !

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Excellent ! merci.

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Merci, hâte de lire la suite amoureux

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C'est vraiment bien raconté ! Et ça donne plein d'idées (j'attaque dans 3 semaines). Merci du partage !

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Deuxième session: environ 4 heures de jeu.

Quelques petites corrections: CVS n'est pas créée par Baker et Bazas - je vais rééxpliquer rapidement ce qu'est un fondé de pouvoir aux joueurs. Je pense qu'ils l'ont intuité, mais ça ne transparait pas dans les résumés. Dans le même ordre, Messali ne demande pas les fadettes à Orange. C'est Josse qui le fait - par contre ils collent Messali à la corvée d'appel de tous les numéros pour voir ce qu'il en ressort. Je me suis également planté (sans conséquences) sur le contact au CID. Je leur ai dit que Mata allait leur faire une recommendation (Wilis), mais les joueurs ont vu que son nom était sur l'aide de jeu de la plaque de la voiture anglaise - epic fail de ma part, ça m'apprendra à ne pas faire plus attention aux détails (et il y en a dans cette campagne, certains qui ne se révèlent qu'en la jouant en fait, c'est vraiment bien ficelé, bravo encore à Tristan et aux testeurs).

Les résumés sont moins bien ficelés que la première session. La division que nous avons fait ne marche pas trop (j'ai tenté de le faire par "actions" des PJs, mais du coup, il faudrait tout recouper et réécrire en partie pour intercaller certains résumés dans d'autres). On a eu un peu moin de temps également je pense, et il y a pas mal de matière, donc ça peut sembler moins cohérent. J'espère que les prochains seront un peu mieux pour votre lecture (pour nous ça va pour garder l'"esprit", et m'assurer que les joueurs se remettent les elements en tête avant notre partie demain).

J'ai pris l'option personnellement de livrer des photos dans le coffre-fort comme suggéré par un autre forumite (et dans la campagne) pour qu'ils commencent à enquêter sur les visages qui apparaissent - j'espère qu'ils impliqueront Amandine Léger pour faire une partie de l'enquête. J'ai également filé les photos des visages en clair, tirés du trombinoscope, avant de réaliser qu'il fallait leur enlever 20 ans... du coup je ne recommande pas cette solution, parce qu'en terme de méta jeu, ça suggère aux joueurs que ces cultistes sont encore vivants. Et ça n'apporte pas grand chose (à part pour le MJ d'essayer de refiler un maximum de portraits de la galerie). Donc je ne le referais pas quand/si je la fais rejouer (ce qui est prévu).

Prochaine partie donc demain, environ 4 heures je pense, mais en extérieur, donc je ne sais pas si on sera aussi performant. Puis celle d'aprés pour fin décembre. Donc les prochains CR seront dispos dans deux semaines.

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[CR Josse]

Vendredi 10 mai, tôt, beaucoup trop tôt

4h50 du mat’ le réveil sonne… comme prévu en me couchant hier, la journée s’annonce merdique. Je me bouge néanmoins car je vais pas me faire remarquer par la hiérarchie deux jours de suite. Je check mon tel, lance Grindr : pas de message de l’autre reloud, c’est toujours ça ! Je prends ma douche rapido et pars avec mes 2 thermos de café

5h50, je rejoins le reste de l’équipe et les TIC devant chez les BAZAS (3eme fois que j’y suis en moins de 24h, je commence à connaître !). Nouveauté par contre, que je n’avais pas eu le plaisir d’avoir les autres fois, Madame Hannah SOARES, une « sympathique » voisine commère, qui nous indique avoir vu une femme caucasienne brune « qui rodait et regardait les maisons » vendredi dernier. Elle cherchait un certain monsieur "Jardi" et est monté dans une voiture bleue ou verte, côté conducteur. Elle a vu les Bazas pour la dernière fois le mercredi… RAS quoi

Bon on entre chez les BAZAS et on commence la perquis’ avec le TIC. Ils font un prelevement de la peinture noir du tag CC. Le gros morceau est le perçage du coffre-fort. Il contient pas mal de choses intéressantes :

  • 4 000 euros
  • Un passeport gabonnais au nom de José BAZRAS (quelle imagination) avec la photo de Jacques BAZAS délivré début d'année, pas utilisé.
  • un document notarié de délégation de pouvoir d'une compagnie « CVS INVESTMENT » domicilié à Gibraltar, qui fait de Jacques BAZAS son fondé de pouvoir.
  • Une VHS et des photos… J’ai un mauvais pressentiment… On regarde les photos et effectivement mes craintes se confirment : ça commence gentiment en partie fine style boîte à partouze, puis se rajoute de la zoophilie (avec des chèvres, ya vraiment des tordus !) pour finir en sacrifice d’animaux au milieu de la partouze ! Waouh, ça réveille le matin ! J’ai des nausées mais je n’en montre rien pour pas me faire chambrer par les autres. En tout cas certaines personnes sont identifiables sur ces photos, qui datent des années 90. Les photos ont l’air volées. Sur le film, du même tonneau, on reconnait les DELMAIN et Jacques BAZAS (mais pas sa femme)...

Bon cette affaire prend une tournure de plus en plus tentaculaire : on part d’un incendie criminel, on tombe sur de la zoophilie, des faux passeport gabonnais, des tags CC, des ordis qui disparaissent, on est clairement sur une très grosse affaire, va pas falloir se planter.

On rentre à la caserne et on se répartit les tâches :

• HUART bosse sur la piste CVS INVESTMENT => créée par Dennis BAKER et Jacques BAZAS, actionnariat caché

• Point avec le Colonel MATA, qui en mentionnant la piste Gibraltar nous donne un contact Neal WILLIS du CID (police anglaise) pour avoir des infos. BROCHARD écrit un mail en anglais pour demander des infos, c’est pas une mince affaire vu son niveau en anglais

  • Quand à moi, j’appelle mon pote Tanguy chez Orange pour avoir les relevés téléphoniques des BAZAS et des DELMAIN

C’est l’heure des entretiens avec les enfants BAZAS et DELMAIN, Lucie BAZAS est la première à passer.

J’essaie de la rassurer tant bien que mal en lui disant que pour l’instant on s’intéresse à ses parents pour leur lien avec les DELMAIN et qu’ils ont disparus mais forcément vu que les chaînes parlent de l’incendie chez les DELMAIN elle se doute bien que c’est inquiétant et qu’ils font peut être partie des macchabés. J’essaie de faire diversion maladroitement en parlant du cambriolage mais je fais chou blanc. On patauge et on lui fait parler de ses parents. Les BAZAS sont viticulteurs, le père est chasseur la mère fait du bridge. Amis avec les DELMAIN depuis l'enfance de leurs enfants respectifs. J’avais pris soin de faire des copies des visages des personnes identifiables sur les photos des parties fines pour voir si elle n’en reconnait pas certain mais pareil chou blanc. Elle nous apprend que la propriété viticole a été vendu à un fond d'investissement.. je parie qu’il s’agit de CVS Investment… On termine l’entretien en lui disant qu’on l’informera dès qu’on a du nouveau.

On poursuit avec les entretiens avec Marion et Jean-Michel DELMAIN. Marion est altermondialiste, et n’a pas de contact régulier avec ses parents. Elle estime que ses parents l'ont toujours exclu en douceur de leurs vies. Elle connait les BAZAS mais ne nous donne rien de plus que Lucie BAZAS. De la même manière le frère a le même discours que sa sœur. Rien à signaler, on avance que dalle !

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[CR Brochard]

En plus de ressembler à Zorro, la série en noir et blanc de quand j’étais ado, le Colonel Matta a de la ressource. Pour ceux qui se souviennent, il y avait une Ford fiesta immatriculée au Royaume-Uni dans le garage des Delmin. Et bien le colonel a un contact au pays des rosbifs. Un certain Neal L Willis. Je ne les aime pas ceux-là. On devrait être champion du monde de rugby et pas eux… On aurait dû l’être bien avant si les Sud-africains n’avaient pas honteusement triché. Bref, passons. Avec le contact nous pourrons peut-être avancer dans cette sombre affaire.

Après un coup de fil, disons réussi dans un français très correcte, pour willis bien sûr, nous apprenons que la fiesta appartient à un certain Thomas Easton. Je ne sais pas si ça va nous avancer beaucoup mais un des cadavres de la morgue est peut-être ce M. Eaton … ou bien il est impliqué dans le meurtre. Disons que c’est un début de piste.

On apprend quand même qu’il est entré en France le 1er mai.

Après une discussion avec le capitaine, je suis missionné pour écrire un courriel à Willis pour demander des informations sur Eaton, sur la société CVS Investment et sur un de ses patrons, un certain Baker.

Alors déjà les british, je ne peux pas les voir. Quand je pense qu’Aliénor d’aquitaine leur a donné une partie de notre beau pays... Bref, me voilà parti dans la rédaction d’un courriel dans la langue de Shakespeare et de Britney Spears comme dirait ma fille.

Après un moment d’une grande difficulté, je suis satisfait de ce mail en pure langue rosbeef. Avec la nuit que j’ai passée, j’ai bien du mal à rédiger mais on n’allait quand même pas laisser Messali le faire non.

Le retour de Willis est rapide … et intéressant. Baker est riche. Très riche. Il a du patrimoine immobilier, il a été consultant en Sierra Leone, en Birmanie… Bref un type bien sous tous rapport. Mais problème, il est mort. Le 7 octobre 2012 ce monsieur nous a quitté. Il avait 68 ans, il était alcoolique. Fait étrange, ses chiens n’ont pas aboyé. Sans doute le tueur les connaissait ou bien il les a endormis.

Mais bon, c’est l’heure de l’identification des cadavres de la morgue …

Nous arrivons à la morgue avec les enfants Delmin. Enfin les enfants, ce sont des adultes mais dans ces circonstances, nous nous souvenons tous que nous sommes les enfants de quelqu’un. L’atmosphère est lourde bien sur et je ne dis rien. Je respecte cette femme et cet homme qui vont bientôt se retrouver devant l’horreur absolue. Découvrir ses parents morts est une chose. Savoir qu’ils ont été assassinés en est une autre. Les Delmin n’ont pas fini tranquillement dans leurs fauteuils, emportés par l’âge. Ils ont été attachés et abattu froidement.

Bien sur nous n’insistons pas sur les circonstances mais ils verront tout de même les dégâts occasionnés par la balle. Heureusement les cranes sont peu abimés. Le légiste fait un boulot formidable et lorsque les corps sont présentés aux enfants Delmin, on dirait deux grands parents endormis à coté l’un de l’autre.

Il est difficile d’imaginer ces gens reposant tranquillement dans leur dernier sommeil entrain de participer à des orgies. Marion et Jean Michel acquiescent rapidement et se détournent de la vision de leurs parents décédés. Il n’y a pas de discussion. De l’émotion, beaucoup, mais pas de cris, quelques larmes discrètes au coin d’un œil.

Lorsque les enfants sont sortis, nous entamons la discussion avec De Gaillefer, le légiste golfeur.

  • Alors vous avez du nouveau, demande Tellier
  • Pas grandchose. Les Delmin n’ont aucune trace de lutte sur le corps. Ils ne sont pas battus. Pas de trace de lutte, répond calmement De Gaillefer
  • Et les trois autres ?
  • Les trois autres c’est une autre affaire, même si les corps ont souffert des flammes, on distingue très nettement des traces d’acharnement. Ils ont été massacrés si vous me permettez cette expression
  • Je vous permets, répond Tellier, mais qu’entendezvous par massacré ?
  • Et bien il y a eu acharnement. Je n’ai pas encore dénombré les coups portés à l’arme blanche mais c’est clairement de l’acharnement.
  • Merci docteur … Nous attendons avec impatience votre rapport d’autopsie, lance Tellier en partant.
  • Vous l’aurez bientôt, glisse de gaillefer en repartant à l’ouvrage …

Nous savons quasiment depuis le début que les Delmin et les Bazas se connaissent depuis longtemps. Je ne serais pas étonné si nous apprenions que les Bazas font partie des cadavres de la morgue … Mais ne nous hâtons pas trop, il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

Nous nous sommes concentrés jusque là sur les investigations disons physiques. La maison, les voitures mais je ne sais plus qui a eu l’idée de demander les fadettes … Certainement pas Messali mais c’est sur lui que tombe la sentence de les demander auprès d’orange …

Ce dernier ne montre pas beaucoup d’entrain mais c’est un bon militaire, à défaut d’être un bon f… mais je m’égare. J’ai un devoir de réserve tout de même.

Bref, le lieutenant Messali demande à Orange et nous obtenons très rapidement les résultats des fadettes. Messali nous trie tout ça, ça lui apprend le métier et c’est vraiment chiant à faire pour un capitaine. Surtout un capitaine en manque de sommeil après une nuit agitée.

Le résultat est assez intéressant sans toutefois être édifiant. Les Bazas et les Delmin ont un « ami » commun. Un certain Lormier, médecin de son état dans la belle cité de Targon. Ce ne sont pas de simple coup de fil à son médecin, ce sont des heures de conversation… Il y a sans doute une piste. Nous orientons donc vers son cabinet qui nous apprends qu’il est en vacances. Il rentre dimanche. En attendant nous en profitons pour mener des investigations sur la situation familiale de ce monsieur. Il est marié à Nathalie Jullien, il a deux enfants … Et voilà. Pas grand-chose.

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[CR Tellier]

1/Mata

A peine la petite a-t-elle passé la porte que nous voyons débarquer Mata, vif, alerte et pressé de venir aux infos.

Nous le débriefons en détail sur les événements de la matinée, et nos trouvailles de la perquise. Le passeport, les bandes vidéo, les documents de société… Rien qui prenne une forme claire, pas de quoi s’emballer, mais enfin, du grain à moudre pour l’équipe, un début de piste à suivre.

Coup de bol, Mata a un contact au CID, qu’il devrait pouvoir mobiliser rapidement pour nous donner davantage d’informations sur les ramifications « britanniques » de l’affaire. Nous allons avoir besoin d’un contact outre-manche, plus réactif que ce que ne nous autorisent les procédures habituelles. Toujours un tour dans sa poche, ce Mata.

Il prend congé et promet de nous tenir au courant dès que possible.

2/Hoareau

Midi. L’heure de ma « convocation » chez le proc. Je m’y rends en trainant la patte, moi qui ne suis jamais en retard, je pousse sciemment sa porte un bon quinze minutes après l’horaire convenu. Je synthétise de manière aussi laconique que possible les événements de la matinée, ne voulant pas lui donner à penser qu’il y a matière à extrapoler quelques conclusions que ce soit. Ce genre de type ferait feu de tout bois. J’insiste lourdement sur le fait qu’à ce stade, nous ne pouvons rien avancer de concret. Evidemment il est frustré, je sens qu’il prend sur lui pour rester courtois. Grand prince, il me congédie avec un sursis, ne manquant pas d’exiger un rapport détaillé sur son bureau pour lundi.

Lundi est un autre jour.

3/CID Londres

Mata apparait dans l’entrebâillement de la porte. Il s’avance vers moi, brandissant un petit morceau de papier. « Et voilà. Neil Willis. Dites que vous appelez de ma part. C’est un mec bien, on a bossé ensemble sur une affaire il y a quelques années… S’il peut vous aider, il le fera ».

Banco.

Comme par magie, c’est pile à ce moment-là que nous recevons le retour pour l’immatriculation de la fiesta : celle-ci est au nom d’un dénommé Thomas Easton, résidant dans le Suffolk – dont on apprend dans la foulée qu’il serait rentré en France par Calais le 1er mai.

Fort de ces nouvelles informations, je décroche mon téléphone, tentant de faire émerger des profondeurs de ma mémoire quelques rudiments d’anglais niveau lycée. « Hello ? «

Un peu pris au dépourvu, le gars semble avoir du mal à me comprendre, tentant à son tour de communiquer dans un français approximatif. Il resitue bien Mata et se montre disposé à aider. Pour faciliter la communication, il me demande de lui passer un mail avec toutes mes demandes, afin d’être en mesure de les remonter à sa hiérarchie. J’ai 2 requêtes à ce stade : tout ce qu’ils peuvent trouver sur Thomas Easton, et the same sur CVS et l’énigmatique fondé de pouvoir Denis Baker, l’associé de Bazas.

La réponse ne se fait guère attendre, ce Willis est décidément un contact fiable. A peine quelques heures plus tard, nous trouvons un mail de sa part, avec de premiers éléments édifiants au sujet de Baker. Décédé le 7 octobre 2012 à l’âge de 68 ans. Habitait une ancienne ferme. Retraité, alcoolique, réputé hargneux et fuyant toute société. On l’a retrouvé dans sa chambre, les analyses médico-légales ayant conclu qu’il avait été attaqué dans son sommeil et étranglé…

Nouvelles pistes, nouvelles zones d’ombre. Plus on tire le fil et plus les nœuds s’épaississent.

Ce meurtre est-il lié de quelque manière que ce soit avec notre affaire, il nous appartiendra de le déterminer.

Nous sollicitons donc tout le détail du dossier. Où nous apprenons que la police locale suspecte que la victime connaissait son agresseur, au vu des circonstances.

Baker était un type fortuné, justifiant d’un important patrimoine immobilier et de plusieurs comptes en banque apparemment bien dotés, en outre de sa participation dans CVS. Son passif restant par ailleurs un peu trouble, et pour cause : dans les années 90, il aurait travaillé en tant que consultant en sécurité pour des entreprises africaines et asiatiques, notamment en Birmanie et en Sierra Leone. Le job le moins transparent du monde en plein cœur de régimes dictatoriaux totalement verrouillés.

Je suis coupé dans mes réflexions par le rappel de la conférence de presse imminente. Encore un bel exercice de pantomime en perspective.

« Les investigations progressent, nous avons réuni beaucoup d’éléments que nous sommes en train d’examiner. Toute précipitation, toute annonce prématurée serait préjudiciable à l’enquête. Nous sommes encore en train d’identifier les victimes dont l’état ne rend pas la tâche aisée, suite à un incendie de cette ampleur. Nous mettons tout en œuvre pour résoudre cette affaire le plus rapidement possible, toutes nos équipes sont mobilisées. Aucune piste n’est à ce stade privilégiée. » J’avais bossé mon texte !

On me questionne sur le nombre de corps. Plus de bénéfice à occulter quoique ce soit sur le sujet, alors je confirme. J’élude davantage sur les interrogations concernant les raisons des décès, je ne peux rien confirmer sans le rapport d’autopsie.

Dans la foule qui se presse au pied des marches, je remarque des équipes de journalistes anglais, BBC, ITV. L’affaire commence à s’ébruiter bien au-delà des frontières de notre paisible région. Je vois également émerger le visage nerveux d’Amandine Léger, qui essaie d’accrocher mon regard. Une immense fatigue s’abat sur mes épaules, je tourne les talons pour rejoindre ma brigade. On a du pain sur la planche.

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toujours aussi bien ! vivement la suite, merci?

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Je me régale. C'est super-gratifiant de voir ce que j'ai imaginé se mettre en mouvement !

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Tristan Lhomme

On se régale également. Ce qui est rigolo c'est de voir les ramifications et connections que font les joueurs (qui sont forcément subjectives, vu qu'elles dépendent des joueurs et du MJ). En tout cas on passe un très bon moment, et il nous tarde de nous retrouver pour continuer. Du bien bel ouvrage maitre Tristan, vous pouvez être fier de votre labeur! Je me suis pris à songer tout à l'heure que ça pourrait être intéressant de réunir les personnages genre 15 ans après... en déroulant le probable de leurs vies personnelles. On va voir comment se déroule la suite, mais si il y a un ou deux trucs non élucidés, peut-être que je me laisserai tenter par ce type de scène finale...

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  • Tristan Lhomme
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DSC1978

En 2029, Tellier et Brochard sont à la retraite depuis longtemps, les trois lieutenants ont tous pris du galon... sans forcément atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés en début de campagne. Tu as raison, ça pourrait faire une scène intéressante... peut-être pour caser un hors-procédure qui leur avait échappé à l'époque ?

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  • Cindoc
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Tristan Lhomme

Je m'étais dit ou un Hors Procédure, ou si ils passent à coté d'un truc majeur, une confession reçue en 2025. Genre Josse qui rappelle Brossard et Tellier pour leur parler de l'enveloppe qu'elle vient de recevoir... le tout à la maison de retraite de Brochard content A voir, on n'en est pas encore là...

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Tristan Lhomme

Et là pour le coup il peut s'opérer un glissement très intéressant à jouer de l'enquêteur vers l'investigateur, dans une ambiance à la True Detective par exemple.

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Certes. Mais cette campagne doit bien avoir une fin. Je ne sais pas si du coup dévoiler le futur des personnages est intéressant ou non. C'est bien également de laisser chacun avec son imagination. Je verrai suivant si il reste des trucs intéressants non exploités.

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Et les CR de la 3ème session. Jouée en un peu moins de 4 heures je dirai mais dans un bar à jeu comme nous avions un problème logistique. J'avais un peu peur pour l'ambiance, mais au final, même si l'endroit était parfois bruyant et pas forcément atmosphérique, on a réussi à faire un truc pas mal et assez concentré.

Les CR sont de meilleure facture que ceux de la 2ème session - ils ont laissé passer moins de temps avant de les rédiger, et je pense qu'ils y voient un peu plus clair. Un ou deux trucs où l'imaginaire des PJs a pris le relai sur ce que j'ai dit (genre sur Mr Joseph et le nom de sa boite, l'endroit ou est Lily - dans une rue parallèle à la rue Ste Cath en fait, rue Courbin etc.) mais comme ça n'a pas d'impact matériel sur l'enquête et son déroulé, je ne corrige pas et laisse leur imaginaire prendre le pas... c'est leur aventure après tout content

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[CR Brochard]

Le matin j’arrive à la brigade exténué. Mes nuits sont certes une nouvelle jeunesse pour moi, mais j’ai tout de même mon âge et le manque de sommeil commence à se faire sentir. C’est donc les yeux lourds que je pousse la porte de la brigade, puis celle de notre bureau pour retrouver l’équipe. L’ambiance n’est clairement pas au beau fixe. Je ne suis pas seul à passer des nuits difficiles. L’enquête est dure et même si je m’accorde des moments de respiration, j’ai parfois du mal à faire abstraction de l’horreur de la vision des corps calcinés.

Je suis fatigué mais ce n’est rien par rapport à Messali qui fait une tête de six pieds de long.

  • Lieutenant messali, que se passet-il ?
  • Euh … Ma grandmère est malade capitaine et vous savez, avec le mariage qui approche … J’aimerais qu’elle soit là.
  • Elle est à l’hôpital ?
  • Oui capitaine. Vous savez, elle y rentre, elle sort. Là elle était sortie il y a peu et elle est rentrée en urgence.
  • Ecoute, je vais voir avec Tellier pour ne pas trop te charger et pour te faire partir un peu plus tôt. Tu pourras aller la voir.
  • Merci Capitaine, me dit Messali avec un soulagement visible.

Je vais voir tout de suite Tellier et l’affaire Messali est réglée. On est comme ça dans la gendarmerie, une vraie famille. Parfois on s’engueule, on se chicane mais un homme dont la grand-mère ne va pas bien n’apportera rien à la famille s’il est trop préoccupé. Ce n’est pas que pour Messali que je fais ça, c’est aussi pour l’enquête.

Je regarde de nouveau les photos que nous avons trouvé chez Bazas. J’ai un doute. Alors j’épluche, je regarde, je scrute. Le gros moustachu me dit quelque chose… Un instant je descend aux archives pour regarder un vieux dossier sur lequel j’avais travaillé il y a quelques années… Et Banco. Je savais bien que je l’avais déjà vu quelque part. C’est Joseph Quevedo, un gros proxénète bordelais. Un mac à l’ancienne, un peu sur le retour. Je le passe au fichier. Le type a un gros train de vie, des voitures de luxe … Il a surtout un domicile.

Enfin une piste … Dans ce genre d’enquête il faut parfois avoir de la chance. Et aujourd’hui on dirait bien que j’ai ai eu. Je fonce en parler à Tellier. J’aimerai appeler la police pour savoir s’ils ont quelque chose en ce moment sur lui. Si on va voir le lascar, c’est mieux d’avoir un atout dans la main. Avant tout, on va en parler à Mata. Nous avons rapidement son accord et j’appelle le commissariat de bordeaux. Après plusieurs sonneries dans le vide (ce sont des policiers…) je tombe sur le Lieutenant Szymanski. Ce dernier est plutôt nonchalant. Je lui laisse entendre que le type pourrait être impliqué dans une grosse affaire qui défraie la chronique en ce moment mais ça n’a pas l’air de le perturber.

Encore un qui ne mérite pas son insigne, mais bon, dans la police, c’est une forte majorité.

Bref, ce lieutenant ne me sert à rien mise à part qu’il ne considère pas Quevedo comme un gros poisson. C’est déjà ça.

Pendant que je fais avancer l’enquête, nous recevons les résultats de l’autopsie des deux premiers corps calcinés du rez de chaussée. Ce sont bien les Bazas. Même si nous n’en avions pas la preuve formelle, nous nous doutions de l’identité des macchabés. Comme pour le troisième, il y aurait une certaine logique a ce que ce soit l’anglais propriétaire de la fiesta.

Bref, c’est Josse qui est chargée d’annoncer la mort à Lucie Bazas… Je ne sais pas si c’est le meilleur choix mais c’est celui du capitaine, directeur d’enquête … Donc c’est le meilleur.

Josse appelle et, comme à l’accoutumée, elle balbutie à Lucie Bazas que ses parents sont morts. Au moins elle ne dévoile pas les causes de la mort. On parle parfois d’intelligence de la situation, je pense qu’il est clair que Josse en est dépourvue. Heureusement qu’elle a d’autres qualités, enfin je crois.

Dans la matinée, Tellier devait aller voir Hoarau. Mais il me semble que c’est à 10 heures 10 que Tellier s’est rendu compte qu’il devait être dans le bureau du procureur il y a 10 minutes … Avec tout bordeaux à traverser, même avec le deux-tons, c’est foutu. C’est la mort dans l’âme que Tellier appelle le proc. Visiblement ce dernier lui fait payer le retard au rendez-vous mais heureusement que Tellier a des trucs à dire. Nous connaissons maintenant Quevedo et nous allons aller l’interroger. Par ailleurs nous lui donnons le résultat des autopsies et bien sur l’identité des victimes. Nous apprenons aussi qu’un juge d’instruction va être nommé. L’enquête uniquement avec le procureur, ça ne pouvait pas tenir longtemps. Il aurait voulu une résolution rapide et Tellier est assez content de ne pas lui offrir cette victoire facile. A voir comment sera le futur juge …

Après toutes ces péripéties, nous faisons une petite réunion. Je prends mon troisième café et Tellier nous tient au courant de son entretien … difficile avec le procureur. Mais la nouvelle sur le juge semble le réjouir. Nous rassemblons nos idées et Tellier décide d’envoyer Josse, Messali et moi pour interroger Quevedo et il ira avec Huard voir le docteur Lormier.

Commençons par ce que nous ont rapporté Tellier et Huard de l’entretien avec Lormier.

Ils se rendent chez lui mais il n’est pas là. C’est Nathalie, sa femme qui répond. Il est à son cabinet pour faire le tuilage avec sa remplaçante. Tellier et Huard se rendent donc à son cabinet. Emmanuel Lormier répond au bout de 10 minutes, il ne semble pas perturbé par l’arrivée de deux gendarmes dans son cabinet. Il les fait entrer dans son bureau et les questions commencent. Il connait bien sur Paul et Simone, ce sont des amis aux parents Lormier. Ils l’ont aidé à trouver un studio lorsqu’il est venu faire ses études à Bordeaux. Ils ne les fréquentent pas beaucoup car sa femme les trouve « snobinard ».

Il connait aussi les Bazas qu’il a croisé lors de diners. Bazas a un sens du commerce « spécial », c’est un malin. Il connait aussi Thomas Easton (décidément ça commence à faire beaucoup).

Alors, dans la conversation, Tellier évoque les soirées « spéciales » organisées par les Delmin et les Bazas. Cela ne semble pas faire tiquer le médecin … Peut-être y participait-il plus jeune ?

Après cet entretien de courtoisie, Tellier et Huard quittent le médecin et Huard est missionné pour une enquête de moralité sur ce médecin qui, visiblement, ne dit pas tout.

Dans le même temps nous nous rendons chez Quevedo. J’ai bien l’intention de montrer à Messali et à Josse comment on mène un interrogatoire. Le quartier où se trouve les locaux de son entreprise est tout simplement pourri. Ça sent la prostitution et la drogue a plein nez. Sur que notre arrivée va étonner plus d’un toxico du quartier qui ne doivent pas souvent voir la maréchaussée.

Nous entrons dans l’immeuble de la Quevedo Plaisure Inc. C’est parfaitement de mauvais gout. Je me sens bien dans cette ambiance. On monte et on tombe sur la secrétaire. Elle est vulgaire à souhait, jupe trop courte sur un corps boudiné, maquillée comme une voiture volée. Décidemment l’ambiance me plait.

  • Gendarmerie, on voudrait voir M. Quevedo, maintenant
  • Euh, je vais voir s’il est disponible, répond la secrétaire avec une lueur d’inquiétude dans la voix.
  • Il doit être disponible je pense, disje en la regardant avec un regard sévère.

Je suis étonné, d’habitude elles sont plus coriaces. Dans les 8 secondes qui suivent, Quevedo fait son entrée.

  • Bonjour, entrez donc dans mon bureau, puis il se tourne vers la secrétaire, je ne veux être dérangé par personne.
  • Bien monsieur.

Le bureau est à l’image du personnage, sur le retour et de mauvais gout. Je n’ai jamais aimé le style rococo. Dire que c’est chargé est un euphémisme, mais là, c’est comme s’il avait voulu réinventer le style en plus chargé et en plus vulgaire. Fausses statues grecquisantes nues, tentures rouges en velours chargées de poussière, affiche de film de série Z… Il ne manque rien à l’incarnation du mauvais gout. Le type, l’environnement me rappellent mes jeunes années dans la gendarmerie nationale. Il fait parti d’un monde en voie de disparition… Comme moi …

  • Merci de nous recevoir dans votre bureau M. Quevedo.
  • Mais c’est bien normal, en quoi puis je vous aider officiers ?
  • Les affaires se portent bien en ce moment ?
  • Bof, vous savez, ce n’est plus comme avant. Avec la mondialisation, nous avons désormais de la concurrence des pays de l’Est, d’Afrique, d’Asie. C’est de plus en plus dur vous savez.

C’est un peu un cri du cœur. A ce moment-là, le type s’est laissé aller mais je comprends dans son regard qu’il va se reprendre en quelques secondes. D’ailleurs, il n’a pas parlé de son activité.

  • Nous travaillons actuellement sur une affaire… disons, médiatique. Et il serait fort dommage pour votre commerce que votre nom soit associé à cette sale histoire, disje en le regardant profondément dans les yeux.
  • Vous me menacez officier ?
  • Loin de moi l’idée de vous menacer, disje faussement offusqué, mais je voudrais que vous compreniez bien toutes les implications de cette affaire.
  • Ditesmoi ce que je peux faire, me répond-il visiblement résolu à répondre.
  • Il y a quelques années, des soirées « spéciales » étaient organisées à Bordeaux. Nous avons des photos sur lesquelles nous vous avons formellement identifié. Je veux savoir ce que vous avez fait dans ces soirées et si vous pouviez me citer des noms de participants.

Au moins je joue carte sur table. Avec ce genre de type, il ne faut pas tourner trop longtemps autour du pot. J’espère que Messali et Josse en prennent de la graine. Je lui donne les photos qu’il regarde attentivement. On ne peut pas vraiment lire en lui comme dans un livre ouvert. Il regarde, regarde encore, retire ses lunettes et frotte les yeux avec sa main. Il va se mettre à table.

  • Je me suis chargé de trouver des lieux et des filles pour les soirées organisées par James Sutton. Un Anglais. Il a fait ça pendant quelques années. Il y avait des politiques, des joueurs de foot. Il avait un bon réseau et ramenait du beau monde. Moi je n’ai jamais participé, me ditil sincèrement.
  • Et vous connaissez des gens qui ont participé ?
  • Oui, une certaine lily, elle participait comme … hôtesse. J’ai son adresse et elle collaborera je pense.

Il écrit sur un papier à en-tête du nom de sa société une adresse dans le bordeaux sordide.

  • Et reconnaissezvous d’autres personnes ?
  • Oui, le petit trapu là c’est David Maignan, un notaire ou un avocat, je ne sais plus …
  • Pourquoi les soirées se sont arrêtées ?
  • Parce que Sutton est mort … La source de financement s’est tarie.
  • Merci M. Quevedo, je vous remercie pour votre collaboration.

Il me tend sa main ou pend une (fausse ?) rolex très grosse. Je la lui sers. Un indic comme ça, il faut le garder dans un coin.

Nous sortons de l’immeuble, ni Messali ni Josse n’ont dit un mot. Le vieux lion a encore de beaux restes.

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[CR Josse]

Ha il est content le BROCHARD, il a réussi à nous montrer qu’il était encore performant en interrogatoire, il se pavane sans le dire en nous regardant Messali et moi. Je moufte pas, il a été bon…Après, à 58 ans heureusement qu’il arrive à tirer les vers du nez à un vieux proxénète ! Je garde évidemment ça pour moi et on rentre à la caserne.

7. Passage aux fichiers JUDEX

On prend le temps de passer les nouveaux noms au fichier Judex et on obtient des premières infos sommaires, qu’on on creusera plus tard

  • James SUTTON, citoyen anglais, arrivé en France en 88 pour semi retraite, décédé 12 juin en nettoyant un pistolet, habitait le château de Dardenac, près de Bordeaux.
  • David MAIGNEN, ancien rugbymen, notaire, décédé le 03/11/93 d'un accident de chasse.

8. Willis / sur Thomas EASTON

Notre ami Willis, du CID nous recontacte avec des infos sur Thomas EASTON : il était antiquaire, et vivait avec une certain Anna GRAND, le couple se disputait fréquemment - mais n’est-ce pas le lot de tous les couples ? - Je m’égare et garde mes commentaires pour moi. Pareil ça ne nous mène nulle part pour le moment, on verra plus tard, si le nom de GRAND ressort.

9. Mata / nomination du juge

Alors qu’on s’apprête à partir pour aller voir LILY avec TELLIER, MATA nous intercepte pour nous annoncer que le juge d'instruction a été nommée : il s’agit de Caroline LOPES et le capitaine a rendez-vous demain à 10h avec elle, j’espère qu’il sera plus ponctuel qu’avec HOUAREAU ? . Bon allez trêve de plaisanterie, c’est le moment d’impressionner le capitaine lors de l’interrogatoire de Lily !

10. RDV avec Lily.

On se rend rue Sainte-Catherine et on trouve sans mal la dénommée Lily : une fleur de trottoir un peu fanée, elle a dû être jolie dans le temps… Je suis bien décidé à faire aussi bien que BROCHARD avec QUEVEDO du coup j’attaque direct. J’essaie par contre de faire preuve d’empathie et de l’interroger en douceur pour faire oublier ma maladresse avec les enfants DELMAIN et BAZAS. Je commence par lui dire qu’on travaille sur une grosse affaire criminelle et qu’on l’a trouvé via QUEVEDO. On lui veut pas d’ennuis mais elle est pour l’instant notre seule piste sérieuse, on a besoin d’elle. Elle nous écoute avec attention et j’enchaîne en lui parlant des soirées auxquelles elle aurait participé au début des années 90. Je vois immédiatement à son regard qui se voile, qu’elle comprend très bien de quoi je parle et qu’il y a pas besoin de la pousser ou de parler de choses plus précises. Elle se souvient très bien de James SUTTON, « un vieux dégueulasse ». Elle confirme la version de QUEVEDO : il y avait des gens connus et 2 types de soirées : les normales et les "spéciales". Je lui montre les photos et elle identifie 2 personnes dont elle se rappelle vaguement les noms : une femme "DE FORCEVILE" (dont on apprendra plus tard par recoupement qu’elle est une aristo bordelaise, richissime, multi divorcé, soupçonné d'avoir assassiné sa mère, qui a disparu en 93) et un mec "LEVAL" (violoniste, disparu en 93). Elle nous apprend également que MAIGNEN était un sadique. Les soirées se sont terminées en 92 ou 93. Elle confirme également que QUEVADO ne participait pas aux soirées et que les participants ignoraient qu'ils étaient filmées/photo.

Je la remercie chaleureusement pour son aide, lui laisse mes coordonnées pour le cas où elle se rappelle d’autre chose. On la quitte, et on rentre à la caserne, je suis satisfaite de moi, j’ai marqué des points auprès de TELLIER et ça me met de bonne humeur.

11. enquête de voisinage sur LORMIER

En arrivant à la caserne, HUARD nous informe des résultats de son enquête de voisinage sur l’entourage sur LORMIER : comme d’habitude c’est pas transcendant. RAS sur les enfants, les parents feraient chambre à part, Nathalie veut partir quand les enfants auront grandi. Le docteur a réduit ses horaires en début d'année pour problème de santé.

12. Amandine LEGER

On est interrompu par un coup de téléphone de la journaliste Amadine LEGER, qui nous informe qu’un tuyau anonyme vient de tomber : QUEVEDO aurait un rapport avec l’incendie des BAZAS ! Putain ce connard de policier Samuel SZYLOWQKI l’a rencardé. J’aime pas trop la police, comme tous les gendarmes, et c’est réciproque d’ailleurs mais là ça va trop loin : rencarder les journaleux en laissant filtrer des infos confidentielles sur une enquête majeure en cours, même pour un policier c’est bas ! Toute l’équipe fulmine et on prend le temps de faire un rapport officiel sur cet incident pour sa hiérarchie. Le pire c’est qu’il aura peut être les félicitations de son chef de groupe pour avoir fait chier les gendarmes. Sur le moment je suis tellement furax que j’envisage d’écrire à qui-je-sais pour m’assurer que ce connard de SZYLOWQKI paie cher ce qu’il a fait mais heureusement je me calme rapidement, ce qui m’évite probablement des problèmes futurs qu’engendrerait le fait de passer par cette voie là…

TELLIER est tenté d’utiliser LEGER pour qu’elle utilise son réseau et ses ressources afin de trouver des liens avec des affaires de morts suspectes dans la région, en échange de tuyaux sur l’affaire. Je m’y oppose avec beaucoup de vigueur car c’est contre tous mes principes : on doit protéger la procédure et faire un mélange des genres avec des « échanges de bons procédés » avec des journalistes, c’est le meilleur moyen de planter une affaire. Je m’engage à passer la nuit à faire ces recoupements moi-même plutôt que de passer par l’aide de cette journaliste. TELLIER accepte et je pense même que j’ai encore marqué des points auprès de lui, décidément c’est une bonne journée pour moi, et j’aimerais bien fêter ça ce soir en sortant, mais je vais avoir plutôt passer ma nuit à regarder tous les rapports de morts suspectes des 20 dernières années, pas génial mais bon c’est la rançon de la gloire !

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[CR Tellier]

Messali lève la tête de son écran, toujours l’air aussi abattu et renfrogné.

« J’ai pas grand-chose pour vous Capitaine. Rien qui se recoupe. Rien de suspect qui remonte du côté des parents Lormier, même si techniquement je n’ai pas réussi à récupérer des photos. Les gens de cette génération n’ont pas tendance à étaler leur vie sur les réseaux sociaux ! »

« Et Maignan ? »

« David Maignan bon, on avait déjà l’essentiel. Rejeton de bonne famille bordelaise. Il a racheté sa charge notariale avec l’argent de la famille. Connu pour être impulsif et violent. Bref, je n’ai rien de neuf là non plus. Désolé Capitaine… »

Il n’a décidément pas l’air dans son assiette. « Rentrez chez vous Messali. Reposez-vous, faites ce que vous avez à faire, et revenez demain en meilleure forme, si possible ».

Je renvoie également à la maison le reste de l’équipe, à part Josse qui semble déterminée à aller au fond des dossiers pour nous dégoter de nouvelles pistes, au sujet des morts suspectes survenues en 1993 et qui pourraient avoir un rapport avec notre affaire. Elle est pugnace et têtue, deux qualités qui la mèneront sans doute loin, si toutefois elle parvient à se départir de cette froideur qui tient tout le monde à distance.

De retour chez moi, je trouve ma femme qui m’attend faisant les cent pas dans le salon. Le lycée l’a appelée : ils ont trouvé le fiston en train d’en griller une apparemment. La belle affaire, on est tous passés par là au même âge ; mais Marie n’a pas l’air de prendre la chose avec la même philosophie. Je n’ai pas d’autre choix que d’aller lui parler pour apaiser un peu les esprits. Avoir l’air de faire mon job de père. Par intermittence.

Il est assis sur son lit, boudeur, un peu revêche, prêt à la révolte. Un ado. Je lui parle le plus posément que je peux. Je lui dis que je ne vois pas d’inconvénient à ce qu’il fasse ses expériences. Que je ne veux pas qu’il ait le sentiment de devoir nous cacher des choses. Qu’il n’y aura pas de sanction. Que tout ce que je lui demande, c’est respecter le règlement de son école et ménager sa mère. Et garder à l’esprit que c’est une pratique qui dans la durée pourrait nuire à sa santé – sans insister trop lourdement. Quel impact peuvent avoir, à son âge, de telles mises en garde… Il reste mutique et hoche la tête avec agacement. Je le laisse à sa rébellion silencieuse et file directement me coucher. Emmagasiner tout le sommeil que je peux est la seule bonne manière de faire face à la pression de ces journées.

Lorsque j’arrive à la brigade le lendemain, Messali est déjà là, ainsi que Josse qui n’a visiblement pas quitté son bureau de la nuit. Elle a de la caisse, cette petite. Elle marche aux nerfs, et au café. Elle me tend un maigre dossier, elle a remonté un nom : Wegener, marchand de livre ancien, décédé en juin 1993 d’un accident de la route aux circonstances mal déterminées. Difficile d’extrapoler quelque lien que ce soit pour le moment.

Deux autres pièces m’attendent sur mon bureau : les rapports d’autopsie du cadavre non-identifiable que nous supposons être Easton, et de Baker. Ils ne nous apprennent rien de fondamentalement nouveau : notre John Doe porte de nombreuses entailles causées par arme blanche, multiples brûlures au niveau de la tête et du torse. Baker a pour sa part été attaqué pendant son sommeil et étranglé, il semble s’être débattu, les traces trouvées sous ses ongles n’ayant permis de déterminer que le groupe sanguin de son agresseur – A+ en l’occurrence. Ça ne va pas beaucoup nous aider.

L’équipe s’installe autour du café, Josse provoque Huard en faisant appel à sa formation en psychologie criminelle. La « profileuse », comme elle l’appelle ironiquement. Huard nous verse son analyse : elle penche pour plusieurs tueurs animés par des motifs personnels dans un registre fortement émotionnel – déchainement de colère, acte de vengeance et de haine. Ce que semble en effet corroborer le caractère anarchique, répété et violent des atteintes physiques portées aux victimes. Tout ça ne révolutionne pas notre approche, mais enfin.

Je regarde ma montre, c’est l’heure de mon entretien avec la Juge Lopez. Sur le trajet, j’échange brièvement avec Mata. Il a l’air satisfait de savoir que c’est elle qui a pris le dossier ; il me dit qu’elle a plutôt bonne réputation, celle d’une magistrate jeune, ouverte, intègre et bosseuse. Ça nous changera de l’autre cochon de salons.

Je suis accueillie par une jeune greffière très avenante, qui me sert un café et me dit que j’ai l’air d’en avoir besoin. Sa bienveillance inattendue me touche, je dois en effet être plus fatigué que je ne l’imagine. Elle me demande d’attendre quelques minutes que la juge Lopez termine sa conversation téléphonique. Lorsqu’elle m’accueille enfin, d’une poignée de main ferme et expéditive, je la détaille rapidement. Une allure BCBG, quelques kilos en trop. Beaucoup de réserve. Elle me jauge elle aussi.

Elle m’explique avoir été saisie par Hoareau, avoir pris connaissance du dossier, et me demande de la briefer sur les derniers développements – ce que je fais, par le menu. La filière bordelaise, la filière anglaise, nos tentatives hasardeuses de remonter un fil sur des disparitions mystérieuses en 93… Ce dernier élément la laisse quelque peu sceptique. Je ne peux pas lui en vouloir, mais enfin, ce n’est pas comme si on croulait sous les pistes concrètes. Beaucoup d’informations disparates mais comment les relier ??

Elle semble se détendre un peu au fur et à mesure de l’échange. Elle me demande de ne rien ébruiter, me met en garde contre toute fuite d’information aux journalistes, et insiste pour que je la tienne au courant dès que nous aurons le moindre élément nouveau à lui soumettre. Elle m’indique être surchargée de travail « Alors tâchons vous et moi d’être efficaces dans la gestion de ce dossier. Je vous propose que nous échangions tous les matins à 9h pétantes pour que vous me teniez informée des avancées, quelles qu’elles soient. Dans tous les cas, je veux un dossier solide, alors on s’en donnera le temps et les moyens ». Je devine là un petit coup de canif informulé à l’intention de notre mal-aimé procureur. Elle conclue en me donnant ses coordonnées et en m’invitant à m’en servir sans hésitation pour toute demande à venir mobilisant sa compétence : placement en GAV, perquisition, … Enfin quelqu’un qui va réellement pouvoir nous appuyer dans cette affaire. Je prends congé, vaguement rasséréné par l’entretien, et regagne la gendarmerie.

C’est en ouvrant l’écran de mon ordinateur que je trouve le mail, qui me laisse sans voix, ou juste assez pour héler toute la brigade qui s’empresse d’accourir.

[Copie de l'aide de jeu 1er mail de Nemo dans le résumé]

Nous nous regardons tous, muets d’excitation et d’incrédulité.

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  • Cindoc
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Merci ! C'est vraiment toujours aussi agréable à lire : tu peux féliciter tes joueurs pour le style qu'ils impriment aux personnages !

Je suis en train de me préparer pour ma première session de dimanche et je pense que ton CR va énormément m'aider à combler à l'avance les "trous", à prévoir les petits moments de flottements. Un grand merci !

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Je leur ferai passer le message, ça leur fera plaisir. C'est notre modeste contribution pour un retour d'expérience à Tristan et Loludian (sp? Désolé si mal orthographié).
Et puis si ça peut aider d'autres MJs tant mieux. J'ai personnellement tapé dans des idées d'autres retours donnés dans l'autre fil - le contenu du coffre fort si pillé par Bazas amène vraiment des possibilités en plus.

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OJe me suis pris à songer tout à l'heure que ça pourrait être intéressant de réunir les personnages genre 15 ans après...

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Une idée me vient : ne pas utiliser ce retour tardif pour jouer un hors procédure et prendre comme cadre le tournage d'un épisode de la saison 30 de Faites entrer l'accusé sur la tuerie de Villegouge. Ils ont tous, séparément, quelques minutes face caméra pour répondre aux questions d'une journaliste plus ou moins bien informée.

Ca pourrait être particulièrement rigolo s'ils ont imposé une version officielle un peu branlante, ou si les différents membres de l'équipe avaient des interprétations très divergentes de ce qu'ils ont vécu.

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Félicitations pour ces CR, ça m'a plongé dans l'affaire. Je ne connais pas du tout, même de loin, Les Encagés, mais les multiples points de vue, styles de pensée et la qualité globale de l'écriture m'ont captivé. Bravo à tous, et pour moi le meilleur compliment après une session de jeu :

"C'est quand la suite ???"

???

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Bonne année à tous et merci pour les retours que je communique aux joueurs (ils ont interdiction de près ou de loin de suivre les sujets Encagés ?).
@ Tristan: je note, ça pourrait faire un truc sympa effectivement. Je pense que ça dépendra de la tonalité de la campagne et de comment on finit. Mais ça fait une fin assez sympa effectivement.
@Baaldum: (chouette pseudo by the way ?) Prochaine session le 20 janvier si je me plante pas. Donc CR d'ici le 15 j'espère. Par contre, le HS sera certainement tronqué, comme il reflète ce qu'ils ont lu et pas forcément tous les détails joués.

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Et la quatrième session. Jouée le weekend d'avant Noel. A peu près 5 heures je dirai au doigt mouillé, comme on s'est fait une bonne bouffe ensemble. Cette session nous a mis je pense une petite claque puisqu'il y avait le HS Lombardi (à moi et un joueur tout au moins). L'autre joueur a été séduit par la proposition ludique (de faire jouer un truc lu par les PJs, c'est tout de suite plus sympa - donc ça marche très bien ça Tristan). Pas trop de retour du dernier joueur, mais comme il était à fond, je pense que ça allait. C'est très émotionnel, mais pas tellement par le RP, mais à cause du thème en fait. Une heue avant la fin j'ai pris les feuilles de perso des joueurs et je leur ai donné les nouvelles de l'affaire Lombardi sans rien dire. Ils les ont lu et on a commencé direct avec la gendarmerie qui tape à la porte. Automatiquement t'as la gorge un peu serrée et les larmes qui montent aux yeux devant la violence du truc. Donc très très grosse partie assez dure mais qui laisse un très bon souvenir (plus ça parle pas mal je pense à des parents) - on n'est pas rentré trop dans les détails, ça permet une certaine pudeur, et j'ai utilisé un artifice de théatre, ou dès que je sentais qu'une scène s'enlisait ou rentrait trop dans des détails, je l'attrapai en l'air (comme en musique quand un chef d'orchestre arrête tout), et on enchainait. Du coup il me tarde la prochaine qui sera différente, sur le Labyrinthe, et voir comment les joueurs réagissent à une proposiion différente.

On attend encore les CR de la 5ème session, un peu de mal à tenir le rythme, et on doit jouer fin février une sixième session, et mi-mars la fin....

Allez, zou, trop parlé le résumé:

  1. Meurtre de Melissa Laplace, rencontre avec le capitaine Kerrien et Lieutenant Poivin. On apprend le meurtre de la jeune fille de 18 ans disparue en dec 2012 et retrouvée début 2013. (Brochard)

Après le mail de Nemo sur le lien entre le meurtre de Melissa Laplace et notre affaire en cours, nous allons directement voir le capitaine Kerrien et le lieutenant Poivin qui dirigent cette enquête. Poivin, je le connais bien. C’est un vieux de la vieille… Comme moi. On se connait assez bien depuis le temps et dès le début de la discussion avec le capitaine Kerrien, je sens le regard de Poivin se porter sur moi.

Melissa Laplace avait 18 ans. Elle a été portée disparue le 23 décembre 2012. Ses vêtements ont rapidement été retrouvés, lacérés et tachés de sang. Son corps a été retrouvé le 6 janvier 2013 au lac bleu, une ancienne carrière reconvertie en base de loisirs.

Kerrien est un peu fuyant lors de la discussion. Pour lui le meurtre de Melissa Laplace n’a rien à voir avec les enquêtes anciennes avec lesquelles nous souhaitons la rattacher. Pourtant je vois bien Poivin qui me regarde avec insistance. Il essaye d’être discret malgré tout et je pense que personne sauf moi n’a vu mon son manège… Je me demande ce qui se cache vraiment derrière cette attitude. Je verrais plus tard. Je sens bien que Kerrien ne dit pas tout.

Nous l’écoutons patiemment mais l’entretien est assez court finalement. Si nous faisons un lien quelconque à un moment, ce sera à la juge d’instruction de lier les dossiers … En attendant nous retournons à notre bureau, pas vraiment avancé sur cette affaire.

Peu de temps après je reçois un coup de fil de Poivin qui me donne rendez vous au Balto pour siroter un ballon de rouge pour … se rappeler du bon vieux temps.

  1. Enquête sur le mail de dénonciation envoyé. IP du mail, maison de quartier Saint jacques (Josse)

Je décide de tenter ma chance sur le mail anonyme de notre nouvel meilleur ami « Némo ». Je passe un coup de fil à Franck, un ex coup d’un soir – ne me jugez pas, ok ? – un des rares dont j’ai gardé le numéro car il bosse dans l’informatique et que c’est un crack. Oui c’est un peu intéressé comme démarche… Contre la promesse de se revoir pour boire un verre, je lui demande si on peut trouver l’origine d’un mail anonyme. Il se fout un peu de moi et m’explique longuement des trucs dont je ne comprends que vaguement la teneur à base de mots bizarres : DNS, adresse « IP » source, provider, etc

Je note consciencieusement ce qu’il m’explique pour ensuite faire une demande officielle auprès du gestionnaire du nom de domaine concerné et obtenir l’adresse « IP » de l’ordinateur depuis lequel le mail a été envoyé. Bingo, ça fonctionne il s’agit d’un ordinateur situé dans une maison de quartier à Saint Jacques. Je fonce là-bas après avoir prévenu les collègues en espérant que l’expéditeur est autant une brèle que moi en informatique et que je pourrais remonter à lui.

Sur le trajet, mon esprit s’égare et je rigole en mon for intérieur en pensant au fait que je pourrais demander à Huard de se pencher sur le choix du pseudo Némo et je suis sûr qu’elle nous trouverait une super théorie => Némo comme le poisson rouge ? comme le capitaine ? comme la chanson du groupe Nightwish que j’aime bien ?

Bon trêve de gaudriole, j’arrive devant la maison de quartier et me rend à l’accueil où je suis pris en charge par Monique, retraitée de 68 ans, à qui je sors le grand jeu : plaque, annonce du fait que je suis sur une enquête criminelle, que j’ai absolument besoin de son aide pour localiser un suspect important qui aurait utilisé un des ordinateurs de la maison, etc

Bien qu’elle ait vraiment envie de m’aider, elle ne sait malheureusement rien d’intéressant : la salle informatique avec ses 12 ordis est en libre accès, personne n’a rien vu, pas de caméra, etc Je localise l’ordinateur incriminé et le fait mettre en lieu sûr le temps que j’obtienne un mandat pour le saisir et le faire analyser par les TIC puis après avoir informé le capitaine je rentre à la caserne…

  1. Appel de la juge d’instruction, rencontre avec Mata sur le dossier Laplace. Lien avec le dossier Lombardi. Indice sur un courrier bizarre adressé au CNE Tellier (Exodus) (Tellier)

Sacré Brochard, il ne manque pas de ressources… J’espère qu’il saura tirer les vers du nez de Poivin, que l’on sache vite à quoi s’en tenir quant à la viabilité de cette information.

Quoiqu’il en soit, c’est le moment de prévenir Matta – qui ne manquera pas de se montrer aussi circonspect que les circonstances nous y invitent tous.

Brochard suggère d’appeler également la juge, ce qui me semble à ce stade largement prématuré pour le coup ; notre crédibilité auprès d’elle est un atout essentiel, je ne tiens à lui partager que des pistes bien dégrossies. Après tout, les mails anonymes plus ou moins farfelus sont monnaie courante dans ce genre d’affaires…

C’est alors que je m’apprête à me rendre chez Matta pour un brief de visu que je reçois l’appel de Josse. Elle a pu consulter tous les PC, et en trouver un en particulier sur lequel l’historique avait récemment été intégralement effacé. Notre candidat – qu’il va falloir saisir d’urgence. Moi qui ne voulais pas importuner la juge…

Elle n’oppose d’ailleurs aucune réserve à ma demande, en dépit du caractère éminemment maigre des éléments que je lui expose. Oui, la confiance est là, sans doute… Il s’agit maintenant d’en être digne. La paperasse va être transmise à Josse, qui préfère donc attendre sur place pour y donner suite le plus rapidement possible.

Je peux enfin prendre la tangente pour mon tête-à-tête avec Matta. Rapidement, je le mets au parfum du mail, de nos démarches auprès de Kerrien et de la fin de non-recevoir opposée par celui-ci. A sa manière de froncer les sourcils, je sens que tout cela le gêne aux entournures. « S’il doit obtempérer, il obtempèrera » sanctionne-t-il. « A condition que vous soyez capable de me démontrer un lien, même minime, entre les deux affaires… ». La quadrature du cercle. Comment démontrer un lien entre les deux si je ne dispose d’absolument aucun élément sur la seconde affaire ?

Le colonel semble entendre ma réflexion silencieuse. « Il y a 2 choses que vous devez savoir, Capitaine, et qui vous aideront peut-être à progresser. D’abord, nous avons confirmé qu’il s’agissait bien d’un meurtre. Ensuite, nous avons établi que celui-ci pouvait avoir un lien avec une affaire ancienne non résolue, l’affaire Lombardi – une jeune femme disparue en 1992 dans des circonstances similaires… Voyez ce que vous pouvez trouver à partir de là. Si vous m’amenez quelque chose de probant, je ferai en sorte que vous obteniez toutes les informations dont vous avez besoin. Et prévenez la juge ! »

« C’est chose faite, Colonel… »

De retour au bureau, j’expédie illico Messali aux archives. Evidemment, le dossier Lombardi est déjà en possession du Capitaine Kerrien… Ça se tentait.

C’est alors que je m’installe à mon bureau avec ma cinquième tasse de café de la journée, pour décanter un peu les événements et tâcher d’y voir plus clair, qu’un troufion passe une tête dans l’encadrement de la porte. Une enveloppe à mon nom est arrivée au courrier, portant le cachet de la gare Saint-Jean.

EXODUS 22 :18 Tu ne souffriras point que vive une sorcière

Qu’est-ce que c’est encore que ce truc… Je fais expédier illico l’enveloppe aux TIC pour la recherche, sans doute stérile, d’une empreinte. Timbre autocollant, peu de chance qu’on en tire quelque chose, mais enfin. Ne rien laisser au hasard…

Huard, partie en trombes dans les couloirs, revient en courant en brandissant une bible. Une bible trouvée dans les locaux de la gendarmerie nationale ? Tout fout le camp.

Livre de l’exode, nous retrouvons le verset, la traduction n’est pas tout à fait similaire… Sans que cela nous indique rien de particulier d’ailleurs.

Que va-t-on faire de cela ? Faut-il commencer à s’intéresser aux milieux catholiques intégristes ? Ce n’est pas ça qui manque, à Bordeaux. A ma connaissance, ils n’avaient plus brûlé personne depuis l’Inquisition. J’ai l’esprit qui divague… CC… Corpus Christi ? Bon sang quelle fatigue…

  1. Rencontre avec poivin sur l’affaire Lombardi et Laplace (Brochard)

Il est donc 17 heures 30, l’heure du Balto. J’arrive dans ce bar aussi ancien que l’installation de la caserne de gendarmerie. Poivin est déjà installé sur une petite table au fond de la salle. Il a commandé un ballon de blanc et il a le journal du jour dans les mains. Je m’installe en face de lui et le garçon arrive. Je commande un verre de rouge et je commence à siroter sans un mot.

- Daniel, tu as bien vu que Kerrien n’était pas vraiment réglo non ?

- Je t’avoue que je m’en doutais un peu, dis-je sans poursuivre.

- Nous avons le dossier d’Hélène Lombardi sur notre bureau. Cette affaire date de 1992. Il y a des similitudes dans la manière dont elles ont été assassinées. Elles ont été torturées et violées. La petite Laplace ne s’entendait pas avec sa belle-mère. Elle est partie le 18 décembre. Elle ne découchait jamais. Son père a participé aux recherches. Mais heureusement ce n’est pas lui qui l’a trouvé…

- C’est si horrible ? dis-je gravement

- La petite a été torturée Daniel … Mais ce n’est pas tout… Ses yeux ont été arrachés, elle a eu le visage brulé à l’acide.

Poivin marque une pause. Il a l’air marqué et je le comprends. Travailler sur ce type d’affaire, on ne s’habitue jamais. Ce métier nous montre ce qu’il y a de pire dans l’être humain et nous ne sommes que des hommes. Il reprend :

- Elle a été retrouvée dans deux sacs poubelles dans la partie boisée de la base de loisirs … Lombardi a subi les mêmes sévices.

- Merci Poivin… je t’en dois une

- Trouvez cet enfoiré … en attendant tu payes les consommations.

Poivin n’a pas perdu le sens des priorités …

  1. Mercredi 15 reception analyse des comptes de Bazas Note de willis et coup de fil avec la reception par anna grande des lettres CC (Tellier)

J’arrive de bon matin, après une nuit lourde mais trop courte. J’ai tout fait pour éviter Marie et les enfants ce matin. Ses reproches de la veille me taraudent un peu mais je préfère les mettre de côté pour le moment.

Les relevés bancaires de Baker m’attendent sur mon bureau. Le type ne manquait de rien : 11 comptes en banque crédités d’un montant total de 150 000 livres. Sans compter ses propriétés… Je regarde en diagonale l’historique, beaucoup de virements internationaux… Birmanie, Sierra Leone… Plutôt cohérent avec ce que nous avions déjà appréhendé. Au-dessus de la pile se trouve une note manuscrite de la main de Willis : « appelez-moi ».

Avant de creuser tout ça, je passe mon coup de fil matinal à la juge, pour lui partager les derniers développements. Elle m’écoute avec attention et conclue en m’invitant à ne pas hésiter à la solliciter dès lors que nous aurons trouvé un pont entre les deux dossiers. Si c’est concret et tangible, elle pourra forcer leur mise en commun.

« Bien sûr, nous n’y manquerons pas ». Je lui rappelle quand même qu’à ce stade, il faut rester très prudents : à part le recoupement des chronologies, rien ne permet pour le moment d’étayer un parallèle quelconque.

Je hèle Josse, notre boulimique de séries US, probablement la plus apte d’entre nous à engager une conversation intelligible avec Willis. Qui décroche dès la première sonnerie.

Il nous informe tout d’abord qu’il a pu s’entretenir brièvement avec Anna Grand ; et qu’il n’a rien tiré de significatif de cet échange, en-dehors d’une information qui pour le coup manque de me faire tomber de ma chaise : celle-ci lui a avoué avoir reçu un courrier au nom d’Easton, comportant simplement deux lettres majuscules : « CC »…

Nous restons muets quelques instants, le temps de digérer la nouvelle.

Willis poursuit laconiquement et nous partage ensuite les derniers éléments qu’il a pu recueillir concernant Sutton.

James Sutton était ce que l’on appelle communément un « self-made man » ayant fait fortune dans l’immobilier. Il a bâti l’essentiel de son empire dans les années 80.

On lui prêtait pas mal de fréquentations assez douteuses, au nombre desquelles des politiques – assez logiquement, vu son activité.

Sa carrière s’est arrêtée en 86, consécutivement à des affaires de corruption.

En 88, il s’est installé sur Bordeaux.

Entre-temps, il avait été mêlé à une enquête consécutive à la disparition de 5 individus, tous liés entre eux : Will Connor, Stephen Kramer, Sandy Jenkins, Denis Murcer et Solomon Goldstein. Laquelle enquête n’avait abouti à rien de concluant, quoique leurs connexions avec Sutton aient été clairement démontrées – il s’agissait vraisemblablement de participants plus ou moins réguliers aux parties fines qu’organisait déjà Sutton en Angleterre.

Sutton avait également multiplié les mariages, comme il se doit pour un type de sa trempe ; les ex-femmes ayant tenté après son décès de se ruer sur le pactole, visiblement de pure perte. L’une d’elle résiderait néanmoins, semble-t-il, dans l’une des propriétés de Sutton dans l’Essex, du fait de quelque étrangeté testamentaire qu’il conviendrait d’approfondir en lien avec les autorités françaises.

“And finally, as you may know, James Sutton was the sole shareholder… how do you say… le “actionnaire”? of la Société CVS Investment”

We didn't know Mister Willis. Mais tout ceci is very very interesting indeed…

  1. Nouveau mail, enquête au cyber café et réception de la lettre du lévitique (Josse)

Je n’ai toujours pas reçu les résultats de la saisie de l’ordinateur quand on reçoit un nouveau mail anonyme

[Deuxième mail de Nemo]

Je sens que c’est le 2ème d’une longue série ! Il n’y a cependant pas de révélations fracassantes cette fois, ça s’essouffle déjà. Je décide d’appliquer la même procédure que la première fois et obtient l’adresse d’un cyber café. Je m’y rend sans entrain car je sens bien que ça sera pas forcément plus probant mais bon, des fois on a de la chance.

Je cuisine le patron en sortant à nouveau mes mots clés : gendarmerie, enquête criminelle, et tout le toutim mais malheureusement c’est à nouveau chou blanc, il y a trop de passage et personne ne se souvient de rien. Idem je fais saisir l’ordinateur en espérant que les TIC en tireront quelque chose mais bon si ça continue au même rythme et que les TIC sont toujours surbookés, il va y avoir rapidement pénurie de pc dans les endroits publiques de Bordeaux !

Pff je suis saoulé quand je trouve rien, et je m’inquiète du fait que le capitaine ne me voit plus comme un officier d’avenir dans sa liste de recommandations, il faut vite que je marque des points à nouveau… mais comment ?

Je rentre à la caserne en réfléchissant quand j’apprends qu’on a reçu au courrier une nouvelle lettre par la poste

LEVITIQUE 19:26 Tu ne pratiqueras pas les augures ou la sorcellerie

Je me dis que l’expéditeur des mails et des lettres ne peut pas être la même personne – sinon pourquoi 2 canaux différents, sans compter que le ton n’est pas du tout le même : infos d’un côté et citations chretiennes de l’autre - c’est bizarre qu’on ait 2 personnes différentes qui tentent de nous « aider » sur cette affaire… Je suis dans mes pensées quand BROCHARD débarque

  1. Appel de Poivin sur la lettre de Mme Lombardi (Brochard)

Heureusement qu’il existe encore des liens humains dans la gendarmerie et que tout ne se résume pas à des logiciels de recoupement d’informations … Mon logiciel à moi c’est le contact humain. Mon réseau social ne se fait pas derrière mon écran mais en parlant à mes collègues, mes amis, aux délinquants mais aussi aux meurtriers. On comprend tellement de choses juste en parlant aux gens.

Mon réseau s’active et Poivin m’appelle.

- Daniel, on a des nouvelles sur l’affaire Lombardi.

- Ton affaire de 1992 ??? Celle connexe avec l’affaire Laplace ?

- Oui c’est bien de celleci dont je parle. Et je peux te dire que c’est … étonnant

- Que se passet-il ?

- La veuve Lombardi, nous l’avons contacté. Elle ne voulait pas nous parler mais elle nous a laissé l’accès à un document inestimable…

Le suspens est insoutenable. Enfin du neuf alors que nous avons l’impression de patauger depuis le début de cette enquête.

- Elle nous a laissé l’accès au témoignage de Marc Lombardi, son mari et il est hallucinant …

A ce moment-là, nous tombons dans la folie meurtrière d’un homme torturé par le meurtre de sa fille …

  1. Récit de Marc Lombardi ( rédigé par Brochard)

D’abord je dois dire que le témoignage qui va suivre vient de la part d’un homme sans doute sous l’emprise d’une drogue mêlée d’un chagrin sans borne. Ses écrits sont parfois flous, difficile à aborder, parfois incohérent. Malgré tout l’histoire est édifiante.

Marc Lombardi est le père d’Hélène. Elle a disparue le 14 avril. Elle a 17 ans. Son corps est rapidement retrouvé. L’histoire des Lombardi commence comme celle de n’importe quelle famille qui perd sa fille dans cette histoire. Un immense chagrin, des corps mutilés … Mais la réaction de Lombardi est différente. Pendant les obsèques, ils sont contactés par quelqu’un qui leur fixe un rendez-vous.

Il s’avère que cette personne meurt peu avant le rendez vous fixé. C’est assez fréquent dans ce type d’enquête que des déséquilibrés contactent les familles des victimes. Parfois pour soutirer de l’argent, parfois pour attirer l’attention sur leur vie misérable. Nous ne saurons jamais ce que voulait cet homme mais Lombardi a sans doute basculé dans son projet à ce moment-là. Cet homme avait comme contact Maignan. Nous retrouvons donc des points communs avec notre enquête des années 90.

Lombardi, dans son récit, arrive à infiltrer le milieu bordelais que nous connaissons maintenant un peu trop. Le milieu des partouzes violentes de Sutton. Celles dont Quevedo fournissait les lieux …

Son récit à ce moment là est encore assez clair. Son passé d’ancien militaire lui permet de filer les protagonistes de son affaire, en tout cas ceux qu’il pense impliqués. Il a décrit les personnes qu’il a vu lors de ces soirées. Des politiques, des joueurs de foot mais il relève deux types de soirées. Les parties fines, comme aurait dit un potentiel candidat malheureux à la présidentielle française de 2012, et les partouzes violentes.

Lombardi établit un lien très clair, pour lui bien sûr, entre ces partouzes et la mort de sa fille. Pour lui, elle est leur victime. Je comprends parfaitement la douleur du père qui enterre sa fille mais les collègues auraient sans doute pu démanteler le réseau et nous n’en serions pas là aujourd’hui. Et puis la justice existe pour que l’on ne la fasse pas soi-même. C’est à la société incarnée par le juge, représentant de la loi, de juger … pas à un homme seul, quel que soit son chagrin.

Lors d’une planque, il fait la connaissance de Lily. Elle s’est enfuit d’une soirée, il l’a rattrapé. Elle lui décrit des scènes avec des animaux, des scènes de violence … et bien sur le tout couvert par des policiers haut placés participants à l’orgie. Cet homme a dû imaginer sa fille à la place de Lily …

Je passe ici les détails de son enquête mais à ce moment, il va complétement basculer. Afin d’en apprendre plus sur le milieu, il enlève un libraire qui participe régulièrement aux partouzes violentes. Ce dernier lui parle d’un livre évoquant un labyrinthe et shub je ne sais quoi. Le récit est de plus en plus flou. Lombardi est habité par la vengeance et va commettre l’irréparable sur cet homme … Le problème de la justice personnelle … Nous ne saurons jamais à quel point c’était une ordure … ou pas.

Certains mots ne sont plus lisibles. Il a dû pleurer au moment d’écrire et l’encre s’est répandue sur la le carnet de note de Lombardi.

Je comprends qu’il a acheté des armes et qu’il projette de tuer tout le monde.

Le 12 juin il passe à l’acte. Dans un endroit qu’il est impossible d’identifier dans le récit, il donne l’assaut sur ce qu’il qualifie de secte. Il décrit des gens en train de danser en toge. Il décrit la panique lorsqu’il se met à tirer. Il décrit l’odeur du sang … Il est impitoyable.

Il voit des adolescents dans des cages et pense reconnaitre Sutton qui tranche la gorge d’une jeune fille … elle était énucléée.

Alors Lombardi tente de rattraper Sutton mais il s’enfuit et … erreur du récit ? La folie a-t-elle touché Lombardi, ils se retrouvent dans un bureau.

Lombardi prend le dessus sur Sutton et l’assassine.

Dans son récit, il libère les adolescents enfermés dans les cages. Ils racontent que cela fait des mois qu’ils sont enfermés ensemble…

Quelques temps plus tard, les protagonistes de cette affaire seront tous retrouvés morts.

A la fin de ma lecture, je vais aux toilettes de la caserne et je vomis